Quand toute la Silicon Valley débarque à Paris, ce n'est pas pour acclamer les conférenciers que 3000 participants sont rassemblés. C'est pour faire du business. Virée dans les coulisses de la conférence de Loïc Le Meur, LeWeb'10.
LeWeb'10, la conférence parisienne de Loïc Le Meur qui rassemble tout le gratin du Web international et fait venir à Paris ceux qui font et défont la Silicon Valley, on y vient pour voir et être vu. C'est un réseau social grandeur nature. D'habitude, les analogies se font en sens inverse : on se réfère à une chose réelle et lui accole le qualificatif "virtuel". Mais, là, il faut se résoudre à changer de perspective. Pour les 3000 participants, dont deux tiers d'étrangers, leur réalité, c'est le web. S'ils sont venus, ce n'est pas tant pour écouter les intervenants de haut niveau qui se partagent la scène, sous l'autorité du MC Loïc Le Meur et des journalistes-blogueurs vedettes américains, que pour le "networking".
It's the networking, stupid
Les conférences, il faut bien avouer qu'on n'y apprend pas grand-chose. Peu d'annonces, peu de polémiques...
"J'ai l'impression que c'est l'endroit où il faut être, quand je disais que je venais à LeWeb tout le monde
trouvait ça génial, mais franchement je n'ai rien appris", confiait une cadre d'un grand acteur français du
e-commerce, venue sans objectif précis, à l'issue de la première journée.
De toute façon l'auditoire twitte, tape, blogue, bref est occupé à autre chose la plupart du temps.
Le reste se passe dans les couloirs. Voire dehors. A 995 euros l'entrée pour les start-up, et entre 1100
et 1990 euros le billet en tarif normal, tout le monde ne peut pas s'offrir LeWeb. Alors certains
tenteraient leur chance de "pitcher" les investisseurs ou de capter l'attention des "influenceurs" à
l'extérieur. Franchement, cette année, avec la neige qui est tombée sur La Plaine Saint Denis, on leur
souhaitait bien du courage.
A l'intérieur, ceux qui ont pu décrocher des rendez-vous ont la chance de pourvoir les faire dans des
ounges très très lounge - réaliser ses interviews sur des lits est une expérience à tenter -, les autres
pistent les têtes connues ou les autocollants indiquant les indices d'influence sur Twitter. Et ils ont
quelques minutes pour convaincre. Le blogueur Robert Scoble a l'habitude d'être accosté, lui qui est de
toutes les soirées dans la Silicon Valley et dont un tweet positif vaut de l'or (il a 153 000 followers).
Il confiait hier sur Twitter avoir manqué Loïc Le Meur déguisé en "Angry Birds" (l'oiseau du jeu social
de Rovio) à cause de ses trop nombreuses discussions de couloir...
Un réseau social propre à l'événement
Pour permettre aux participants de rentabiliser plus facilement leur déplacement, les organisateurs ont
lancé cette année un réseau social propre à l'événement. Une bonne initiative, mais qui ne va pas encore
assez loin selon Raphaël Zier, investisseur (Netbooster, Pure Agency, Easyvoyage) à la recherche de
nouvelles start-up. "LeWeb ne devrait servir qu'au networking", tranche-t-il. A quoi bon les conférences,
puisque tout le monde vient pour la même chose ! "LeWeb, c'est un concentrateur, un point de rendez-vous.
L'avantage, c'est que c'est international, et que c'est une date fixe où tout le monde est là et ouvert à
la discussion. C'est important car le premier contact est le plus difficile. On se rend compte que vu nos
agendas à tous, c'est très difficile de prendre ce temps là."
Grâce au réseau social, Olivier Coste, cofondateur de Highlight, a pu programmer une quinzaine de
rencontres avec de futurs partenaires pour son projet Makeet. "Je pense que l'événement est une vraie
opportunité de se connecter avec des personnes partageant les mêmes problématiques ou des besoins connexes.
La population présente au web est vraiment son plus gros atout.
" Bilan positif également pour Jean-François Ruiz, 18 rendez-vous le premier jour, autant le lendemain.
"LeWeb est surtout intéressant pour sa dimension internationale. C'est pour moi un accélérateur de
rencontres et de business. J'en ai également profité pour discuter avec une vingtaine de personnes que
je connaissais déjà en vrai ou via les réseaux sociaux. Donc pour moi c'est 100% networking", explique
le cofondateur de PowerOn, une agence de webmarketing spécialisée dans les médias sociaux.
Des occasions comme ça, il n'y en a pas des milliers
Pour les jeunes pousses sélectionnées pour participer au concours de la meilleure start-up, comme
Work4labs ou l'israélien Waze, les contacts sont plus faciles. "C'est incroyable pour trouver des
partenaires", explique Waze, qui en est déjà à son deuxième tour de table. Le français SuperMarmite,
un réseau social pour trouver où acheter des petits plats amateur près de chez soi, deux mois d'existence,
espère bien qu'il en sortira avec un premier financement. La start-up fait partie du programme de soutien
de Microsoft, BizSpark, coordonné par le directeur du développement de la division plateforme et
écosystème de Microsoft, Julien Codorniou. "Le vrai intérêt de l'événement, c'est le networking.
Dans la Silicon Valley, des occasions comme ça il y en a une par semaine, mais ici c'est rare.
C'est une chance unique pour des étudiants de venir 'pitcher' pour créer leur entreprise. Je n'ai pas eu
autant de contacts de qualité depuis six mois", se félicite Julien Codorniou.
A LeWeb (on n'en est pas à une faute grammaticale près, ici tout le monde se parle en anglais), même
Google en profite pour nouer des contacts. Le stand "recrutement" de la société ne désemplit pas.
Demandes de stage de la part d'étudiants même pas sortis de l'école, candidatures d'ingénieurs informatiques...
Certains postulent sur place, d'autres discutent avec le recruteur, qui gère toute la zone Europe et
Moyen-Orient. "Nous recrutons toujours beaucoup, notamment pour le futur centre de R&D que nous allons
ouvrir à Paris, donc c'est toujours bien d'expliquer ce qu'on cherche."
Source : http://www.lexpansion.com
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