samedi 10 septembre 2011

Le fondateur du blog TechCrunch soupçonné de conflit d'intérêts

Peut-on être un blogueur high-tech reconnu dans la Silicon Valley et en même temps investir dans des start-up ? Le débat est ouvert depuis que Michael Arrington, l'influent fondateur du site TechCrunch, a lancé officiellement CrunchFund, un fonds d'investissement doté de 20 millions de dollars.
Début septembre, le New York Times relatait l'affaire, et s'interrogeait sur la façon dont M. Arrington passait outre ce qui paraît être le postulat de base du journalisme, c'est-à-dire éviter les conflits d'intérêts en gardant une distance avec ses interlocuteurs et ne pas être impliqué d'une façon ou d'une autre avec les entreprises ou les sujets abordés. Et le quotidien américain posait la question desavoir si les blogueurs spécialisés étaient ou non journalistes.
M. Arrington a débuté sa carrière comme juriste dans la Silicon Valley. C'est en 2005 qu'il crée TechCrunch, un site qui chronique la vie économique et technologique de la Silicon Valley. En parallèle, il n'a jamais caché jouer parfois le rôle de business angel. Il avait toutefois estimé en 2009 qu'il allait cesser cette activité pour ne pas compromettre la crédibilité de TechCrunch. Un site qui revendique la connexion de 3,6 millions d'internautes par mois.
Ce succès n'a pas échappé à AOL. Tim Armstrong, son PDG, a convaincu M. Arrington de lui céder TechCrunch pour 30 millions de dollars il y a un an. AOL rachètera ensuite le Huffington Post et proposera à Ariana Huffington, la fondatrice de ce site d'information très populaire aux Etats-Unis, la direction du pôle média du groupe.
A priori, AOL demande à toutes les personnes qui écrivent sur ses sites d'information de ne pas investir dans les entreprises dont ils parlent. Mais la règle ne semble pas s'être appliquée à M. Arrington. "Nous avons une conception traditionnelle du journalisme, mais il y a une exception pour TechCrunchqui est différent tout en étant transparent sur ses méthodes", a confié M. Armstrong auNew York Times lors du lancement officiel de CrunchFund.
Signe d'un accord total avec M. Arrington, AOL a apporté 10 millions de dollars au fonds d'investissement. Mme Huffington a toutefois réagi en annonçant qu'un nouveau rédacteur en chef devrait être nommé pour succéder à M. Arrington à la tête de TechCrunch, celui-ci gardant la possibilité de poster des articles sur le blog à sa convenance à titre gracieux.
"Précipice"
La perspective de voir son fondateur être remplacé à la tête de TechCrunch crée des émois au sein de l'équipe du blog. "TechCrunch est au bord du précipice", n'hésite pas à écrire M.-G. Siegler dans un billet posté sur le site. "Si Mike me demande d'écrire un billet déraisonnable sur une entreprise dans laquelle il a investi, je lui rirai au nez", ajoute-t-il, considérant que les personnes qui attaquent TechCrunch ne connaissent pas son fonctionnement.
TechCrunch fédère un réseau de blogs, dont certains sont implantés à l'étranger, en particulier au Japon, en Europe et en France. Les équipes de TechCrunch France ont découvert l'histoire en lisant articles et posts sur le Net. Elles n'ont pas été mises au courant de la création de CrunchFund, ni de l'éventuel changement de rédaction en chef. "L'enjeu n'est pas le même en France. Nous sommes six contributeurs bénévoles. La rédactrice en chef, qui était rémunérée, vient de partir. Personne n'a l'étiquette de journaliste, nous sommes des acteurs de la communauté des start-up et nous le faisons pour avoir une visibilité. Mais nous avons une ligne éditoriale et des règles à respecter pour éviter les conflits d'intérêts", explique Selma Bekkaoui, coéditrice de TechCrunch France.


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